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Le Moringa, Moringa oleifera

Famille Moringaceae
Genre Moringa
Espèce Moringa oleifera Lam.

 

Noms vernaculaires

Bambara : Jirininbulu

Réunionnais : Mourongue, Mourougue, Morongue, Brède fin de mois, Brède médaille, Brède morongue[1]

Mahorais : Mvunge[2]

 

Origine

Le moringa est une plante originaire du nord-ouest de l’Inde. Actuellement il est principalement cultivé dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier où il s’est très souvent naturalisé[1]. Il existe environ 13 espèces de Moringa, appartenant à  la famille Moringaceae et l’espèce la plus populaire est Moringa Oleifera.

Aire de distribution sur les territoires français

 

Figure 1. Aire de répartition de Moringa oleifera sur les territoires français. (Inventaire National du Patrimoine Naturel – INPN)

Introduite : Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Guadeloupe, Martinique, La Réunion et les Îles éparses.

Introduite non établie (dont cultivée ou domestique) : Guyane, Mayotte, Polynésie française et Nouvelle-Calédonie

 

Itinéraire technique en Guyane

Moringa oleifera est exclusivement cultivé ou planté dans des jardins en Guyane.  Pour récolter les feuilles ou les écorces, il est préférable de le tailler une fois par an. La gousse (le fruit), cueillie à maturité de même que les fleurs peuvent être récoltées sans impact pour la plante toute l’année[3].

Usages traditionnels

Le moringa possède  une valeur médicinale et nutritionnelle impressionnante. Différentes parties de la plante contiennent des minéraux importants et sont une bonne source de protéines, de vitamines, etc. Les feuilles, les fruits, les fleurs et les gousses immatures de cet arbre sont utilisés comme légumes comestibles dans de nombreux pays (notamment l’Inde), Pakistan, Philippines, Hawaï et de nombreux pays d’Afrique[4]. De nombreux usages traditionnels ont été répertoriés pour l’ensemble de la plante (feuilles, écorce, racine, fleur, graine, gomme, tige) bien que les études se focalisent surtout sur les feuilles.

Feuilles

Les feuilles sont la partie de la plante la plus utilisée en médecine traditionnelle.  Elles possèdent de nombreuses propriétés antioxydantes les plus importantes et permettent de stimuler le système immunitaire. Elles peuvent être appliquées sur la peau en cataplasme pour soigner les plaies, frottées sur les tempes pour les maux de tête. Un extrait alcoolique préparé à partir du jus issu des feuilles peut aussi servir pour lutter contre les migraines et les céphalées. Elles sont également utilisées contre les fièvres, maux de gorge, bronchites, infections des yeux et de l’oreille. Le jus préparé à partir des feuilles permet de contrôler la glycémie[4]. Leur infusion est consommée pour soulager les ulcères gastriques et les diarrhées.[5]

Fleurs

Elles détiennent un fort potentiel médicinal comme aphrodisiaque, abortif, cholagogue. Les fleurs sont également utilisées pour guérir les inflammations, les maladies musculaires, l’hystérie et les tumeurs[4]. Le jus des fleurs peut être utilisé pour traiter les problèmes urinaires car il stimule la miction[5].

Gousse

L’extrait aqueux de le gousse protège contre l’oxydation de l’ADN.  La gousse est aussi utilisée pour traiter la cataracte.[6]

Gomme

Elle est utilisée pour soigner les caries dentaires, en étant placée directement dans la cavité dentaire. Elle détient également des propriétés astringentes et analgésiques. La gomme, lorsqu’elle est mélangée à de l’huile de sésame, est aussi utilisée pour soulager les maux de tête, les fièvres, les troubles intestinaux, la dysenterie, l’asthme voir même comme abortif, et pour traiter la syphilis et les rhumatismes[4].

Racines

Les racines sont utilisées en traitement contre les rhumatismes, les inflammations, les douleurs articulaires, les douleurs au dos ou aux reins et pour lutter contre la constipation[4]. Une décoction des racines aide également à soulager les douleurs dentaires.[6]

L’écorce

Elle est utilisée à Madagascar pour lutter contre l’épilepsie et la paralysie[1]. Le jus préparé à partir de l’écorce de la racine est utilisé pour soigner les caries. Une décoction des écorces de la tige permet de traiter les infections du tractus urinaires. Quand elle est ingérée par voie orale sous forme de poudre, l’écorce de la tige sert d’antidote contre les morsures de serpents ou de scorpions[6].

Tiges

Le jus de la tige peut être introduit dans les oreilles pour soulager les maux d’oreilles. Ce jus détient également une activité antituberculeuse[4].

Graine

L’extrait éthanolique préparé à partir des graines détient des propriétés hépatoprotectrices en diminuant les peroxydes lipidiques du foi, suite à un stress oxydant[4]. Ces graines ont aussi un effet antibactérien et anti-inflammatoire et peuvent être utilisées pour traiter l’arthrite, les rhumatismes, la goutte, les crampes ou encore les maladies sexuellement transmissibles et les plaies associées. Pour cela, les graines sont grillées puis écrasées avec de l’huile de coco ou de moringa et le mélange formé est appliqué directement sur la zone affectée[5]. Il est également possible de consommer une poudre préparée à partir des graines pour lutter contre les problèmes urinaires[6].

Propriétés chimiques et biologiques reconnues 

Le moringa possède un grande diversité de métabolites secondaires qui seraient à l’origine des nombreuses propriétés biologiques connues. Près d’une centaine de molécules ont été identifiées majoritairement dans les feuilles.

 

PARTIE DE PLANTES TYPE D’EXTRAITS     MÉTABOLITES SECONDAIRES PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES RECONNUES
Familles chimiques principales Molécules identifiées
Feuilles [6],[7]

 

Organique (éthanolique et hydroalcoolique) et aqueux Composés phénoliques (flavonoïdes et acides phénoliques) Kaempférol

Quercétine

Isoquercétine

Apigénine

Génistéine

Myricétine

Épicatéchine

Astragaline

Rutine

Acide gallique

Acide ellagique

Acide férulique

Acide caféique

Acide chlorogénique

Antioxydant, anti-inflammatoire, antimicrobien, antihypertenseur, antispamodique et anticancéreux
Terpènes (Caroténoïdes)[4]

 

Lutéine

β-carotène[4]

Lutéoxanthine

13‐z‐lutétine

15‐z‐β‐Carotène

Zéaxanthine

 

Alcaloïdes et stérols Marumoside A

Marumoside B

Niazimicine, N,α‐l‐rhamnopyranosyl vincosamide

Pyrrolemarumine-4″-O-α-L-rhamnopyranoside, β-sitostérol

Glucosinolate et isothiocyanate Glucomoringine

4-[(2′-O-acétyl-α-L-rhamnosyloxy) benzyl] Glucosinolate

4-[(3′-O-acétyl-α-L-rhamnosyloxy) benzyl] glucosinolate

4-[(4′-O-Acétyl-α-L-rhamnosyloxy)benzyl] glucosinolate

Fleurs
Organique (acétate d’éthyle, chloroforme) Composés phénoliques[4] Kaempférol

Quercétine,

Rhamnétine

Isoquercitrine

Kaempféritrine[4]

 

Antibactérien, anti leishmanien, larvicide, hépatoprotecteur

 

Glucosinolates et isothiocyanate[4] Glucomoringine

4‐[(4′‐O‐acetyl‐α‐l‐rhamnosyloxy) benzyl] isothiocyanate

4‐[(3′‐O‐acetyl‐α‐l‐rhamnosyloxy) benzyl] isothiocyanate

4‐[(2′‐O‐acetyl‐α‐l‐rhamnosyloxy) benzyl] isothiocyanate

4‐[(α‐l‐rhamnosyloxy) benzyl] isothiocyanate

Gousse
Organique (éthanol et méthanol) Terpènes β-carotène[4]

Lutéine

Lutéoxanthine

13‐z‐Lutéine

15‐z‐β‐Carotène

Zéaxanthine

Antioxydant, anticancéreux
Autres Niaziridine

O‐[2′‐hydroxy‐3′‐(2″‐heptenyloxy)]‐propylundecanoate, O‐éthyl,4‐[(α‐1‐rhamnosyloxy)‐benzyl] carbamate

Methyl‐p‐hydroxybenzoate

Gomme
organique (éthanol) Autres L‐arabinose

D‐galactose

Acide d-glucuronique

L‐rhamnose

Acide idotriouronique,

D‐mannose,

Leucoanthocyanine

Antipyrétique, antibactérien
Racines
Organique (acétate d’éthyle, acétone, chloroforme et éthanol)

aqueux

Composés phénoliques Procyanidines Antimicrobien, anti inflammatoire
Alcaloïdes et stérols β-Sitostérol-3-O-β-D-galactopyranoside

1, 3-Dibenzyl urée

N-benzyl, S-éthylthioformate

Écorces
Organique (chloroforme) Composés phénoliques Procyanidines Antimicrobien, anti inflammatoire, anti viral, laxatif, anti hypoglycémique
Alcaloïdes et stérols β-Sitostérol-3-O-β-D-galactopyranoside,

N-benzyl

S-ethylthioformate

Aurantiamide acétate

Spirochine

Moringine

Moringinine

Tiges
Organique (méthanol) Composés phénoliques Procyanidines Antioxydant, anti hypoglycémique, antileishmanien
Alcaloïdes et stérols Moringine

Moringinine

β-Sitostérol-3-O-β-D-galactopyranoside

Autres Eugénol

4‐hydroxymellein

β‐sitostérone

Graines [8]
 

Organique (hexane, méthanol et éthanol)[4]

Composés phénoliques Myricétine

Quercétine-3-O-glucoside

Antimicrobien, anticancéreux, hépatoprotecteur, antioxydant, anti inflammatoire,anti hypoglycémique   antihypertenseur[4]
Alcaloïdes et stérols O-Ethyl-4-[(α-L-rhamnosyloxy)-benzyl] carbamate

Niazimicine,

Pterygospermine

Moringine

Moringinine

Glucosinolates et isothiocyanate[4] Glucotropaeoline

Glucoconringiine

4-[(β-D-glucopyranosyl-1→4-α-L-rhamnopyranosyloxy) benzyl] thiocarboxamide

Isothiocyanate

Toxicité

Des études portant sur l’évaluation de la toxicité aiguë d’un extrait aqueux des feuilles de moringa ont été menées par Awodele et al. (2012)[9]. L’extrait a été administré par voie orale et péritonéale chez 5 souris à des doses différentes, de 400 à 6400 mg/kg par voie orale et de 250 à 2000 mg/kg par voie péritonéale. Après 24h, les résultats ont montré une absence de toxicité par voie orale. En revanche, par voie intrapéritonéale, la DL50 (dose qui induit la mort de 50 % d’une population de l’organisme étudié) est de 1585 mg/kg et au delà de 2000 mg/kg, les animaux présentaient des signes de toxicité. En parallèle à ces essais, différentes doses de l’extrait aqueux de feuilles ont été administrées pendant 60 jours chez les souris afin d’évaluer une toxicité subchronique. Au delà de 1600 mg/kg, des signes de toxicité légers ont été observés chez les souris.

Des signes de toxicités ont également été observés pour les extraits aqueux de feuilles  par Asare et al (2012) à partir de 3000 mg / kg dans le cadre d’une supplémentation nutritionnelle.  En revanche,  à la dose de 1000 mg/kg, aucun risque pour la santé n’a été observé[11].

La toxicité d’extraits éthanoliques et aqueux, préparés à partir des écorces du moringa, a aussi été évaluée par Lambole & Kumar (2011). Les extraits ont été administrés aux doses comprises entre  300 et  5000 mg/kg chez des rats par voie orale. Des observations ont été réalisées toutes les heures pendant 24h puis sur une durée totale de  14 jours. À l’issu de ces essais, aucun signe de toxicité n’a été observé [12].

Des essais ont également été réalisés chez 10 souris, après administration d’une dose unique par voie orale d’un extrait aqueux et d’un extrait éthanolique (10, 15, 20, 25 et 30 g/kg), préparés à partir des racines de moringa. Après 24h d’observations, la DL50 de l’extrait aqueux a été relevée à 15,9 g/kg et à 17,8 g/kg pour l’extrait alcoolique. Les résultats indiquent que la racine  peut être employée dans une plage de dose sûre[13].

En conclusion, le moringa est une plante comestible qui possède un fort potentiel nutritionnel (Rani et al, 2018). Il peut être consommé à condition de respecter les doses et les durées d’usage recommandées. Des grandes précautions d’utilisation doivent être prises  par les femmes enceintes car certaines parties de la plante possèdent des propriétés abortives[14] .

Anecdote

Le moringa est aussi appelé « arbre qui ne meurt jamais » car si l’arbre est coupé ou si les jeunes pousses sont brûlées par le soleil, dès les premières pluies, de nouvelles pousses apparaissent aussitôt ![15]

 

 Sources bibliographiques

[1] La Réunion, Guide Touristique, www.mi-aime-a-ou.com

[2] Institut National du Patrimoine Naturel (INPN)- Moringa oleifera Lam., 1785 

[3] Pierre Silland, Expert botaniste

[4] F. Anwar, S.Latif, M. Ashraf and A.H. Gilani .(2007). Moringa oleifera : A Food Plant with multiple Medicinal Uses. Phytother. Res. 21, 17–25.

[5] Laboratoire biologiquement, Moringa : Usages médicinaux, https://www.moringa.biologique.bio/graines-vertus-bienfaits/

[6] A.K. Dhakad,  M.Ikram,  S. Sharma,  S.Khan,  V.V. Pandey,  A.Singh. (2019). Biological, nutritional, and therapeutic significance of Moringa oleifera Lam.Phytother. Res. 33 (11), 2870-290.

[7] N.Z.A.Rani, K. Husain and  E.Kumolosasi. (2018). Moringa Genus: A Review of Phytochemistry and Pharmacology. Front Pharmacol. 9: 108.

[8] C.Y. Ragasa , V.A. S. Ng and C-C.Shen. (2016). Chemical Constituents of Moringa oleifera Lam. Seeds. IJPPR. 8(3): 495-498.

[9] O.Awodele, I.Adekunle, O.S.Odoma, J.A.Teixeira da Silva, V.O. Osunkalu.(2012). Toxicological evaluation of the aqueous leaf extract of Moringa oleifera Lam. (Moringaceae). Journal of Ethnopharmacology. 139, 330–336.

[11] G.A.Asare, Ben Gyan, K.Bugyei, S.Adjei, R.Mahama, P.Addo, L.Otu-Nyarko, E.K.Wiredu, A.Nyarko.(2012).Toxicity potentials of the nutraceutical Moringa oleifera at supra-supplementation levels. Journal of Ethnopharmacology.139:1.

[12] V.Lambole & U.Kumar (2011).Phytochemicals and acute toxicity of Moringa oleifera barks in rats..IJBR. 2(10), 548‐553.

[13] J. N. Kasolo, G. S. Bimenya, L. Ojok 3 and J. W. Ogwal-okeng.(2011). Phytochemicals and acute toxicity of Moringa oleifera roots in mice. Journal of Pharmacognosy and Phytotherapy.  3(3),  38-42.

[14] N.Sethi, D. Nath, S.C. Shukla and R.Dyal . (1988) .Arbotifacient activity of a medicinal plant “Moringa oleifera” in rats. Ancient Science of Life. 7, 172 – 174.

[15] Ecolomag, La plante du mois, Le moringa : l’arbre à miracles, http://www.ecolomag.fr/la-plante-du-mois-le-moringa-larbre-a-miracles