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La phytothérapie : quand les plantes aident à lutter contre les attaques virales

Plusieurs stratégies thérapeutiques peuvent être utilisées pour faire face aux attaques virales (rhume, angine, rougeole, hépatite…). Elles consistent 1) à renforcer le système immunitaire humain, 2) à s’attaquer directement au virus lui-même ou 3) à traiter les symptômes provoqués par ce dernier. Le système immunitaire peut répondre à l’attaque virale en inhibant la réplication et la contamination du virus.[1] Cette réponse est principalement attribuée à la fonction d’une protéine de l’organisme appelée “interféron”, qui a pour rôle d’améliorer l’immunité en altérant ou en bloquant les cellules essentielles à la multiplication du virus. Elle joue un rôle de coordinateur entres les différentes cellules immunitaires (lymphocytes T, macrophages…). Dans certains cas, la détection du virus peut tarder et la maladie s’installe. Pris de cours l’organisme se mobilise pour produire un pic de production d’interférons avec pour conséquence, un emballement de la réponse immunitaire, conduisant à une aggravation de l’état physique du malade.

Dans un précédent article, nous mettions en avant que la connaissance du potentiel immunostimulant des plantes médicinales dans le contexte de la crise sanitaire était un enjeu fondamental. Utilisées sous forme de remèdes variés en médecine traditionnelle depuis des millénaires, le potentiel des plantes n’est plus à démontrer. La recherche n’a eu de cesse d’acquérir des connaissances sur ces plantes en vue de démontrer leur efficacité par l’identification des composés chimiques impliqués et la mise en évidence de mécanismes d’action sur les pathologies visées. Ainsi, il est avéré que de nombreuses plantes présentent des propriétés immunostimulantes, anti-inflammatoires et immunomodulatrices.

Parmi les plantes immunomodulatrices, c’est-à-dire qui stimulent ou freinent les réactions du système immunitaire de l’organisme fasse aux agressions pathogènes, on peut citer l’exemple la griffe de chat (Uncaria tomentosa), l’ail (Allium sativum), l’Aloe vera ou les Echinacées.[2] Parmi celles-ci, les Echinacées sont originaires d’Amérique du Nord ; le genre des Échinacées appartient à la famille des Astéracées, dont les plus connues sont Echinacea angustifolia DC., Echinacea purpurea (L.) Moench et Echinacea pallida (Nutt.) Nutt. Parmi celles-ci, Echinacea purpurea est particulièrement utilisée en médecine traditionnelle. Historiquement, elle fut utilisée par les amérindiens des plaines d’Amérique du Nord dans la préparation de remèdes médicinaux pour faire face aux infections respiratoires, aux morsures de serpents, maux de dents ou de gorge.[3] Les racines ou les parties aériennes sont utilisées sous forme de poudres ou de teintures. Dès les années 1930, la recherche met en évidence les capacités de ces espèces à renforcer les défenses immunitaires de l’organisme et à prévenir les infections virales ou bactériennes. On leur reconnait leur capacité dans la prévention et le traitement du rhume, de la grippe et des infections des voies respiratoires supérieures. Ces activités biologiques reposent notamment sur la présence de composés chimiques tels que les alcamides[4] qui présentent des propriétés antibactériennes et antifongiques, les polysaccharides[5],[6], qui protègent les cellules des agressions virales et d’autres molécules tels que les glycoprotéines ou les dérivés de l’acide caféique. Ces principes actifs augmentent notamment le taux de globules blancs en favorisant la synthèse d’une molécule essentielle à l’immunité, notre fameux interféron cité plus haut. Des travaux conduits sur des souris dont l’immunité a été supprimée ont démontré l’augmentation des fonctions immunitaires après administration de polysaccharides purifiés d’Echinacea purpurea.[7]

Image: Echinacea purpurea

L’effet stimulant et l’action immunomodulatrice de certaines préparations à base d’Echinacées augmentent les paramètres immunitaires cellulaires et une étude in vitro portant sur les effets des extraits d’Echinacea purpurea sur les lymphocytes NK[8] a montré que ces extraits étaient de puissants activateurs de la cytotoxicité de ces lymphocytes[9] c’est-à-dire que l’on reconnaissait leurs rôles de tueurs naturels.

En plus de leurs propriétés immulomodulatrices décrites ci-dessus, il est mis en avant que les Echinacées exercent également une activité anti-inflammatoire de par la présence de molécules appartenant à la famille des alcamides. En effet des travaux conduits en conditions in vitro ont mis en évidence des effets anti-inflammatoires par induction de cytokines anti-inflammatoires.[10]

Néanmoins certains scientifiques soulignent que la prudence avec les immunostimulants d’origine naturels est de mise, car leur utilisation peut conduire à un emballement du système immunitaire chez les personnes les plus fragiles.[11]

L’efficacité des plantes dans la stimulation du système immunitaire est difficile à prouver chez l’homme, car il est éthiquement impossible d’inoculer des micro-organismes infectieux à des patients pour vérifier l’activité d’une substance végétale censée stimuler l’immunité.Il n’en demeure pas moins que de nombreuses plantes au sein du règne végétal sont en mesure de répondre aux agressions auxquelles notre organisme doit sans cesse faire face renforcées par le stress de la vie moderne ou l’arrivée de maladies émergentes du fait du changement climatique.

La question est de savoir dans quel cadre faut-il favoriser l’usage de la phytothérapie. En d’autres mots l’usage d’une plante s’inscrit-elle dans un cadre préventif ? curatif ? Quelle dose ? Quelles sont les précautions d’usages associés ?

Toutes ces réponses sont indispensables pour utilisation sécurisée des remèdes de nos gangans et pour se réapproprier nos savoirs et traditions dans le but d’un mieux-être physique.

Le projet Guyane Immunité vise à obtenir une sélection d’une dizaine de plantes médicinales guyanaises connues et utilisées traditionnellement par les peuples locaux pour prévenir ou traiter les attaques virales soit en renforçant le système immunitaire dans une démarche de prévention face au virus soit en luttant contre les symptômes viraux. Le recensement des remèdes et des recettes associées à leurs utilisations va permettre d’identifier les doses actives en fonction de la stratégie thérapeutique ciblée (préventive ou curative). Les mécanismes d’action biologiques identifiés et testés scientifiquement seront décrits s’ils sont connus et permettront d’établir des liens concrets entre la tradition et la science.

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Publications récentes

Références bibliographiques

[1] Saraladevi, N., Yang, C. W., Hwang, S. J., Liu, B. C., Chen, J. H. et al. (2020). The novel coronavirus 2019

epidemic and kidneys. Kidney International, 97(5), 824–828.

[2] Hudson J. and Vimalanathan S. (2011). Echinacea—A Source of Potent Antivirals for Respiratory Virus Infections. Pharmaceuticals. 4:1019-1031.

[3] Encyclopédie des plantes médicinales : Identification, préparations, soins (Français) Broché – 1 octobre 2001. Larousse.

[4] Georg Thieme Verlag KG Stuttgart.  (2007). The Role of Alkamides as an Active Principle of Echinacea. Planta Med; 73(7): 615-623

[5] C.A. Newall, L.A. Anderson, J.D. Phillipson. (1996). Herbal medicines: A guide for health-care professionals

(Vol. ix, p. 296) The Pharmaceutical Press, London.

[6] A. Tubaro, E.J. Tragni, P. Del Negro, C.L. Galli, R. Della Loggia. (1987). Anti-inflammatory activity of polysaccharidic fraction of Echinacea angustifolia The Journal of Pharmacy and Pharmacology, 39 p. 567

[7] Steinmüller, C., J. Roesler, E. Gröttrup, G. Franke, H. Wagner et M. L. Lohmann-Matthes. (1993). Polysaccharides isolated from plant cell cultures of Echinacea purpurea enhance the resistance of immunosuppressed mice against systemic infections with Candida albicans and Listeria monocytogenes. Int J Immunopharmacol.15(5):605-1

[8] Globules blancs que l’on peut considérer comme des tueurs naturels

[9] Gan, X. H., L. Zhang, D. Heber et B. Bonavida. (2003). Mechanism of activation of human peripheral blood NK cells at the single cell level by Echinacea water soluble extracts: Recruitment of lymphocyte-target conjugates and killer cells and activation of programming for lysis.International Immunopharmacology. 3 (6):811-824.

[10] Substances produites par le système immunitaire réglant la prolifération de cellules.

[11] Catanzaro, M., E. Corsini, M. Rosini, M. Racchi et C. Lanni. (2018). Immunomodulators inspired by nature: A review on curcumin and Echinacea.” Molecules 23 (11).

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