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Les plantes médicinales guyanaises de la pharmacopée française

Les plantes médicinales de Guyane inscrites à la Pharmacopée française : qui sont-elles ?

La Guyane française regorge de plantes médicinales authentiques et variées au potentiel thérapeutique immense. Ces plantes suscitent la curiosité de nombreux professionnels de santé, surtout en cette période de crise sanitaire provoquée par la pandémie de la COVID-19 car elles sont largement utilisées en médecine traditionnelle pour leurs propriétés bénéfiques sur la santé humaine. De tout temps, les peuples à travers le monde ont eu recours à la phytothérapie pour aider leurs corps remèdes naturels et usages sont compilés dans un recueil propre à chacun de ces pays, appelé “pharmacopée”; la pharmacopée traditionnelle chinoise remonte par exemple, à plus de deux milles ans ![1]

Ainsi, la pharmacopée peut se définir comme un héritage culturel qui référence tous les remèdes ou médicaments notamment ceux issus de plantes médicinales. Elle possède plusieurs informations indispensables à une utilisation sécurisée de ces dernières : la partie de plante utilisée, la description des préparations à base de plantes et leurs usages, la composition analytique, les effets biologiques, etc. Il existe une pharmacopée dite “traditionnelle” de vulgarisation scientifique qui est accessible à tous et une “Pharmacopée officielle” qui est un recueil officiel et légal destiné uniquement aux professionnels de santé, ce document est rédigé par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé). Pour chaque plante médicinale inscrite à la Pharmacopée officielle française (près de 600 plantes aujourd’hui), une étude approfondie attestant les effets thérapeutiques et toxicologiques est réalisée.

À l’issue de cette étude, si l’inscription de la plante médicinale est acceptée, elle est classée en liste A ou en liste B[2],[3] :

•La liste A comprend à ce jour 450 plantes médicinales traditionnellement utilisées qui sont sous monopole pharmaceutique, c’est-à-dire que leur vente est réservée aux pharmacies. Parmi cette liste, 148 plantes sont cependant en ventes libres si elles sont vendues en l’état, c’est-à-dire non transformées. C’est le cas de quelques aromates (poivre noir, thym, etc.).

•La liste B correspond aux plantes médicinales traditionnellement utilisées à l’état brut ou sous forme de préparations qui ont un effet indésirable potentiel, supérieur aux effets thérapeutiques attendus. Aucune de ces plantes ne peut être vendue en l’état y comprispar les pharmaciens : c’est le cas de la Pervenche de Madagascar ou du Laurier rose. L’inscription des plantes médicinales à la Pharmacopée officielle représente une reconnaissance officielle des traditions thérapeutiques pour une communauté et donc à plus large échelle un potentiel de valorisation, comme ce fut le cas pour les 15 plantes médicinales de Guyane en 2011. Parmi ces 15 plantes, 10 sont inscrites sur la liste A et les 5 autres sur la liste B notamment le bois bandé ou la liane amère (voir tableau).

Tableau : Liste des 15 plantes médicinales guyanaises inscrites à la Pharmacopée française

 

Nom scientifique
Nomvernaculaire
Famille
Inscription à la
pharmacopée
Anacardium occidentale Cajou Anacardiaceae Liste A
Cecropia obtusa Bois canon Urticaceae Liste A(usage externe)
Chelonantus alatus Grand centorel Gentianaceae Liste A(usage externe)
Eleutherine bulbosa

Envers rouge

Iridaceae Liste A(usage externe)
Geissospermum laeve Marie Congo Apocynaceae Liste B
Macfadyena unguis-cati Griff’chat’ Bignoniaceae Liste B
Marsypianthes chamaedrys Ti bonm bblan Lamiaceae Liste A
Ptychopetalum olacoides Bwa bandé Olaceae Liste B
Senna occidentalis Café zerb pian Casesalpiniaceae Liste A (usage externe)
Siparuna guianensis Vénéré Siparunaceae Liste A (usage externe)
Wedelia (Sphagneticola) trilobata Bouton d’or Asteraceae Liste B
Tilesia baccata Zerb’carême Asteraceae Liste A
Tinospora crispa Liane amère Menispermaceae Liste B
Uncaria guianensis Bois piquant Rubiaceae Liste A
Varronia curassavica Feuille Montjoly Boraginaceae Liste A

De nombreux avantages découlent de leur inscription à la Pharmacopée, notamment la garantie qu’une plante médicinale présente une qualité répétable et acceptable pour la commercialisation, ce qui garantit la sécurité du consommateur. Cette inscription peut aussi apporter une plus grande visibilité sur le marché européen ainsi qu’une augmentation de sa valeur monétaire. En conséquence, sa vente est possible uniquement en pharmacie pour les particuliers[4] et le corps médical de Guyane pourra utiliser la plante médicinale inscrite en liste A. De même, l’inscription de la plante à la pharmacopée peut favoriser le développement et la structuration de filières agricoles, assurant ainsi la traçabilité du matériel végétal pour un usage commercial.

La vente de ces 15 plantes est exclusivement réservée aux pharmacies. N’étant pas libérées du monopole pharmaceutique, c’est à dire qu’elles ne peuvent être vendues sous forme brute (feuilles, racines, écorces…). Aussi, il n’est pas possible de s’en procurer sur les marchés ou dans d’autres petits circuits de distribution. A ce jour[5],[6], le monopole pharmaceutique n’empêche pas un usage traditionnel de ces 15 plantes médicinales : un utilisateur est libre de préparer une infusion à partir des feuilles de Ti bonmb blan récoltées dans son jardin! Il est cependant possible que certains usages traditionnels soient limités voire supprimés par simple “principe de précaution” suite à leurs inscriptions à la Pharmacopée française. Certaines plantes ont d’ailleurs “perdu” leurs usages oraux comme c’est le cas pour le bouton d’or dont la décoction des parties aériennes n’a pas été retenue par la Pharmacopée française[7].

Aujourd’hui, d’autant plus en cette période de crise sanitaire, les tradipraticiens, mémoires vivantes de ces usages traditionnels,sont indispensables pour perpétuer ce patrimoine culturel et naturel à la population guyanaise.

Avec le projet Guyane immunité, nous souhaitons également rendre ces savoirs accessibles à tous et mettre à disposition certaines plantes médicinales utilisables sous une forme simple.

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Références Bibliographiques

[1] http://www.ethnopharmacologia.org. Consulté le 01 juillet 2020

[2] S.Kumar, P.Gupta, S.Sharma, D.Kumar (2011).A review on immunostimulatory plants. Journal of Chinese Integrative Medecine. 9 (2), 117-128.

[3] A.Puri, A.Srivastava, A.Bhardwaj, J.S.Tandon, K.C.Saxena (2010).Immunostimulant activity of certain plats used in Indian traditional medecine. Journal of Medicinal Plants Research. 7 (44), 3242-3246.

[4] Rapport au Congrès de Élus de Guyane (2011). Inscription de 15 plantes à la Pharmacopée française.

[5] H.Lehman (2013). Le médicament à la base de plantes en Europe. Statut, enregistrement, contrôles. Thèse de Doctorat, Université de Strasbourg.

[6] M.A.Tareau (2019). Les pharmacopées métissées de Guyane: ethnobotanique d’une phytothérapie en mouvement. Thèse de Doctorat, Université de la Guyane.

[7]M. Fleury (2019). Pharmacopées traditionnelles des Outre-mer: de la recherche à la valorisation. Actes du 9ème Colloque International sur les Plantes Aromatiques et Médicinales de l’Outre-Mer. Éditions Gadepam.

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