Scroll Top

Le noni, Morinda citrifolia

Noms vernaculaires [1]

Afrique : Bungbo, Bumbo

Antilles : Bilimbi, Pomme macaque, Pain Killer

Haïti : fey doulè

Polynésie : Noni, Nono

Origine

Le noni est un arbuste originaire de l’Asie du Sud-Est, notamment les îles du Pacifique (Polynésie), l’Indonésie et l’Australie. Il est aujourd’hui cultivé et naturalisé en Amérique tropicale.[1],[2]

Aire de distribution sur les territoires français[3]

Carte de présence de Morinda citrifolia dans les territoires français (INPN)

Présente (indigène ou indéterminé)

Cryptogène

Introduite

Absente

Itinéraire technique en Guyane [4]

Le noni est une plante qui s’est bien naturalisée en Guyane avec l’existence de petites populations dans la nature à certains endroits du territoire. Il s’adapte facilement à beaucoup de milieux et se reproduit soit par la méthode sexuée (à partir des graines) soit par la méthode asexuée (bouturage). Cet arbuste de taille moyenne est cependant sensible à certains nuisibles (les cochenilles, les nématodes et les acariens rouges).

Les fruits sont les parties de la plante les plus fréquemment utilisées et leur récolte peut se faire tout au long de l’année.

Usages traditionnels 

Le noni est une véritable panacée : toutes les parties de l’arbuste sont traditionnellement utilisées surtout en phytothérapie (en application topique majoritairement) et également dans le domaine alimentaire et comme agent colorant.[1],[5]

Phytotérapie
  • Fruit

En phytothérapie, l’utilisation du fruit vert prédomine par rapport au fruit mûr. Le jus de fruit vert du noni est consommé pour traiter le diabète, la fièvre et aussi pour soulager les crampes menstruelles et la digestion chez les femmes. Il peut être également utilisé comme tonique en cas de fatigue.

En application topique, le jus vert est déposé directement sur les hémorroïdes ou bien il est utilisé comme bain de bouche pour traiter les ulcères buccaux. Le fruit vert est aussi mâché et directement appliqué sur les blessures et ulcères ou bien il est utilisé en cataplasme sur les furoncles et les fractures.[1],[5]

  • Feuilles

Le jus préparé à partir des feuilles est utilisé comme fébrifuge, tonique et pour soulager les ulcères. Les feuilles sont également employées en cataplasme pour soulager les articulations douloureuses ou soigner les blessures et les furoncles. En cas de gencives enflées, les feuilles sont mâchées pour soulager la douleur. Lorsque les feuilles sont chauffées, elles collent sur elles-mêmes et sont ensuite déposées directement sur les fractures, les blessures, les plaies de lèpres, sur l’abdomen en cas de maladies hépatiques ou bien sur le visage en cas de maux de tête.[1],[5]

  • Écorces

Les écorces sont utilisées par voie orale comme abortif et également contre les maux d’estomac, les fièvres, les diarrhées ou la toux.[1],[5]

  • Racines

La préparation des racines par décoction est utilisée comme laxatif en Thaïlande, comme émétique (pour provoquer un vomissement), emménagogue (pour faciliter le flux menstruel) et pour traiter la jaunisse en Afrique. En infusion, il est employé pour traiter l’hypertension et les maux d’estomac.[1],[5]

Alimentaire

Le noni, en plus d’être une plante médicinale est également une plante comestible utilisée depuis plus de 1000 ans dans les îles Pacifiques 5. Le fruit est consommé cru ou cuit avec du curry par exemple, alors que les feuilles sont utilisées pour envelopper et parfumer les aliments (le poisson par exemple) lorsqu’ils sont cuits en papillotes. Les feuilles cuites peuvent aussi être consommées comme légumes à Thaïlande ou Java.[6]

Depuis plusieurs décennies, feuilles et fruit du noni sont commercialisés, notamment aux État Unis, sous forme de thé, capsules, poudres et majoritairement de jus.[7] Dans des pratiques plus récentes, les fruits mûrs entrent dans la fabrication d’une boisson notamment à Hawaï où ils sont placés dans un jar en verre et immergés d’eau. Une fois que les fruits sont décomposés, le jus est bu à minima une fois par jour.[8]

Colorants

Les racines étaient traditionnellement utilisées pour produire un colorant rouge ou jaune destinés à colorer les vêtements traditionnels.[8]

Propriétés chimiques et biologiques reconnues

PARTIE DE PLANTES TYPE D’EXTRAITS MÉTABOLITES SECONDAIRES PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES RECONNUES
Familles chimiques principales Molécules identifiées

Fruits

Aqueux Acides Acide acétique ; Acide ascorbique ; Acide benzoïque ; Acide butanoïque ; Acide décanoïque ; Acide haptanoïque ; Acide hexanoïque ; Acide laurique ; Acide linoléique ; Acide 2-méthylbutanoïque ; Acide 2-méthylpropanoïque  ; Acide myristique ; Acide oléique ; Acide octanoïque ; Acide palmitique ; Acide ricinoléïque ; Acide undécanoïque [1],[7],[10] Anti-inflammatoire, anti malarique, antioxydant, anticancéreux, antimicrobien, cicatrisante larvicide et insecticide [1],[10]
Alcools et phénols Alcool benzylique ; Eugénol ; 1-Butanol ; 1-Héxanol ; 3-Méthyl-2-butène-1-ol ; 3-Méthyl-3-butène-1-ol [1],[7],[10]
Anthraquinones Anthragallol 1,3-di-O-méthyle éther ; Anthragallol 2-O-méthyle éther ; Austrocortinine ; 5,15-Diméthylmorindol ; 6-Hydroxyanthragallol-1,3-di-O-méthyl éther ; 2-Méthoxy-1,3,6-trihydroxyanthraquinone ; Morindone-5-O-méthyle éther [1],[7],[10]
Alcaloïdes Xéronine ; Proxéronine [9].
Flavonoides Kaemférol ; Quercétine ; Rutine ; Narcissoside ; Nicotifloroside [1],[7],[10]
Esters 1-n-Butyl-4-(5′-formyl-2′-furanyl) succinate de méthyle ; 1-n-Butyl-4-méthyl-2-hydroxysuccinate ; 1-n-Butyl-4-méthyl-3-hydroxysuccinate ; Décanoate d’éthyle; Hexanoate d’éthyle ; Octanoate d’éthyle; Palmitate d’éthyle; Décanoate  de méthyle; Élaïdate de méthyle ; Hexanoate de méthyle ; Méthyle 3-méthylthio-propanoate ; Octanoate de méthyle ; Oléate  de méthyl; Palmitate de  méthyle [1],[7],[10]
Irridoides Aspéruloside ; Borreriagénine ; 4-épi-Borreriagénine ; Déacétylasperuloside ; Déhydrométhoxygaertnéroside; 6β,7 β -Époxy-8-épi-splendoside ; 6α-Hydroxyadoxoside ; 1,3a,4,7a-Tétrahydro-6-(hydroxyméthyl)-3H-furo[3,4-c]pyran-4- acide carboxylique [1],[7],[10]
Lactones et cétones (E)-6-Dodécéno—γ- lactone; (Z)-6-Dodécéno- γ -lactone ; 2-Heptanone ; 3-Hydroxy-2-butanone [1],[7],[10]
Lignanes Américanine A ; Acide américanoïde, Américanol A, Balanophonine ; 3,3’-Bisdéméthylpinorésinol ; 3,3’-Bisdéméthyltanégool ; Isoprincépine ; Morindoline, (-)-Pinorésinol [1],[7],[10]

 

Feuilles

Organique (éthanol, éther de pétrole) Anthraquinones 5,15 Diméthylmorindol, 1,5,15 ; Triméthylmorindol [1],[10] Antiparasitaire, cicatrisant [1],[10]
Flavonoïdes Nicotifloroside ; Quercétine 3-O– β -D-glucopyranoside; Kaempférol 3-O—β- D-glucopyranosyl-(1→2)-[a-L- rhamnopyranosyl-(1→6)]– β D- galactopyranoside ; Rutine [1],[10]
Irridoides Aspéruloside ; Acide aspérulosique ; Citrifolinine A-1 ; Citrifolinine Ba ; Citrifolinine Bb ; Citrifolinoside A; Citrifoside [1],[10]
Caroténoïdes ß-carotène [1],[10]

 

Triterpénoïdes et stérols Acide barbinervique ; Acide céthrique ; Cycloartenol ; Hederagénine ; Acide oléanolique ; Acide rotungénique; β-Sitostérol ; Stigmastérol ; Stigmasta-4-en-3-one ; Stigmasta-4-22-dien-3-one ; Acide ursolique [1],[10]

Racines

Aqueux Anthraquinones Alizarin 1-O-méthyle éther ; Anthragallol 1,2-di-O-méthyle éther ; Damnacanthol, 1-Hydoxy-2-méthylanthraquinone ; 2-Hydoxy-1-méthoxy-7 -méthylanthraquinone ; 1-Méthoxy-3-hydroxyanthraquinone ; Morénon-1 ; Morénone-2 ; Soranjidiol ; Tectoquinone [10],[11],[12]

 

 

Analgésique, hypotenseur [10],[11],

Toxicité

Mancebo et al (2002) ont évalué la toxicité d’un extrait aqueux du fruit du noni en administrant pendant 28 jours par voie orale une dose unique de l’extrait (à 1g/kg/jour) chez 10 souris. Le groupe témoin d’animaux a reçu de l’eau distillée sur la même période d’essai.  Aucun signe clinique de toxicité ni de mortalité n’a été observé chez les souris témoins, ni chez les souris qui ont reçu l’extrait durant la durée de l’essai.[13]

Dans le cadre des travaux TRAMIL, la toxicité aiguë d’un extrait aqueux lyophilisé des feuilles de noni a été évaluée chez des souris par voie orale. Pour cela, la dose de 3g/kg/jour de l’extrait a été administrée à 10 rats quotidiennement par voie orale pendant 7 jours consécutifs. Le groupe témoin d’animaux a reçu de l’eau distillée (0,3 mL) sur la même période d’essai. Aucun signe clinique de toxicité ni de mortalité n’a été observé chez le groupe de rat témoin ni chez les rats qui ont reçu l’extrait durant la durée de l’essai ainsi que les 7 jours suivants l’essai. De plus, après autopsie de ces animaux, aucune altération macroscopique n’a été observée.[2]

Cependant, ces données observées chez les animaux ne corroborent pas avec l’existence de quelques cas de toxicités reportés chez l’homme. En effet, l’Université Médicale de Graz, en Autriche, a signalé le cas de deux patients qui présentaient des symptômes d’hépatotoxicité suite à la consommation de jus de noni. Dans un des cas, le patient présentait une hépatite aiguë et consommait 2 L de jus de noni entre les mois d’avril et de juillet, l’année de son diagnostic. Près de 9 mois sans consommation de jus, le foie du patient s’est rétabli.[1]

Le noni est un fruit qui est aujourd’hui très populaire à travers le monde mais peu d’études cliniques sur les hommes ont été réalisées à ce jour, hormis des tests in vitro et in vivo sur des animaux. Son utilisation est recommandée avec de très grandes précautions aux vues des doutes planant sur une hépatotoxicité éventuelle chez l’homme s’il est consommé à de fortes doses. L’emploi du noni est également déconseillé chez les femmes enceintes : les écorces et le fruit étaient utilisées comme abortif dans certaines communautés mais ces données n’ont pas été confirmées expérimentalement.[1]

Anecdote

Il existe de nombreuses histoires relatant des héros et héroïnes dans les îles Pacifique qui auraient survécus uniquement en se nourrissant du noni en période de famine, de malnutrition. En effet, le fruit possède de nombreuses propriétés nutritives avec ses teneurs élevées en potassium et en vitamine C.[1],[8]

Sources bibliographiques

[1] A.D.Pawlus & A.D. Kinghorn (2007). Review of the ethnobotany, chemistry, biological activity and safety of the botanical dietary supplement Morinda citrifolia (noni). Journal of Pharmacy and Pharmacology. 59, 1587-1609.

[2] Morinda citrifolia, TRAMIL, Programme de recherche appliquée à l’usage populaire des plantes médicinales dans la Caraïbe

[3] Morinda citrifolia L. 1753, Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)

[4] Pierre Silland, Expert botaniste

[5] A.R.Dixon, H, McMillen, N.L.Etkin (1999). Ferment this: the transformation of noni, a traditional Polynesian medicine. Economic Botany. 53 (1), 51-68.

[6] M. Hénaff (2009). Le noni (Morinda citrifolia) de la tradition au marché de la santé : Usages et analyse phytochimique. Thèse de Pharmacie. Université de Nantes.  174 p.

[7] O.Potterat, M. Hamburger (2007). Morinda citrifolia (Noni) fruit – Phytochemistry, pharmacology, safety. Planta Medecine. 73, 191-199.

[8] MY. Wang, B.J.West, C.J. Jensen, D.Nowicki, C.Su, A.K.Palu, G.Anderson (2002). Morinda citrifolia (Noni): A literature review and recent advances in Noni research. Acta Pharmacologica Sinica. 23 (12), 1127-1141.

[9] W. McClatchey (2002). From Polynesian healers to health food stores: changing perspectives of Morinda citrifolia (rubiaceae). Integrative cancer therapies. 1 (2), 110-120.

[10] D.R.Singh (2012). Morinda citrofolia L. (Noni) : A review of the scientific validation for its nutritional and therapeutic properties. Journal of Diabetes and Endocrinology. 3 (6), 77-91.

[11] Y. Chanine-Blanco, F. Fabrice. A. M. Perez, M. Reynes, JM. Brillouet, P. Brat (2006). The noni fruit (Morinda citrofolia L.): A review of agricultural research, nutritional and therapeutic properties. Journal of Food Composition and Analysis. 19, 645-654.

[12] L. Lv, H. Chen, CT. Ho, S. Sang (2011). Chemical components of the roots of Noni (Morinda citrofolia) and their cytotoxic effects. Fitoterapia. 82, 704 – 708.

[13] A.Mancebo, I.Scull, Y.González, M.E.Arteaga, B.O.González, D.Fuentes, O.Hernández, M. Correa (2002). Ensayo de toxicidad a dosis repetidas (28 días) por vías oral del extracto acuoso de morinda citrifolia en ratas Sprague Dawley. Revista de Toxicologia. 19, 73-78.

Shopping Cart
Close
Panier
  • Votre panier est vide.
Votre panier est actuellement vide.
Votre panier est vide.