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Le gros thym, Plectranthus amboinicus

Famille Lamiaceae
Genre Plectranthus
Espèce Plectranthus amboinicus (Lour) Spreng

Noms vernaculaires[1],[2]

Créole : grosse menthe [gros-mant], gros thym, thym pays [ten-péyi].

Inde : Indian Borage

Chine : Da shou xiang

Origine [3]

Le gros thym est une succulente herbacée originaire d’Asie tropicale et d’Afrique cultivée dans les zones tropicales à travers le monde. Parmi les 300 espèces que compte le genre Plectranthus, cette espèce est la plus connue.

Aire de distribution sur les territoires français (INPN) [4]

 

Carte de présence de Plectranthus amboinicus dans les territoires français (INPN)

Présente (indigène ou indéterminé) : Wallis et Futuna

Introduite : Polynésie Française, La Réunion

Introduite envahissante : Nouvelle Calédonie

Introduite non établie (dont cultivée ou domestique) : Guyane, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Guadeloupe, Martinique

Itinéraire technique en Guyane [5]

Le gros thym est une plante introduite en Guyane qui est exclusivement cultivée dans les jardins et exploitations agricoles. En Guyane, la floraison du gros thym est rare et de ce fait, peu de graines sont disponibles. Il est possible de récolter les feuilles de cette plante 4 à 5 fois par an sans impact pour son développement. La technique de collecte consiste à tailler la plante, récupérer les tiges avec les feuilles puis défeuiller. Les tiges récupérées servent ensuite à la multiplication de la plante par bouturage.

Usages traditionnels 

Le gros thym est traditionnellement utilisé pour ses propriétés nombreuses médicinales, avec des usages par voie orale et cutanée ainsi que dans le domaine alimentaire. Ses feuilles renferment une l’huile essentielle, extraite par hydrodistillation qui est également utilisée traditionnellement.

Médecine traditionnelle
  • Par voie orale: La consommation du jus ou de la décoction préparée à partir des feuilles de gros thym serait efficace pour traiter les grippes, les toux, les bronchites et autres affections de la gorge. Les mêmes préparations sont aussi utilisées pour soulager les troubles digestifs. L’huile essentielle est utilisée comme bronchodilatateur, pour prévenir et traiter certaines maladies respiratoires [1],[2],[6].
  • Par application topique: Au Brésil, la feuille est utilisée pour soigner les ulcérations causées par la leishmaniose. En Inde, le jus préparé à partir des feuilles est employé pour traiter les maladies de la peau et les brûlures. La feuille du gros thym, quand elle est brûlée à la flamme et appliquée directement sur la blessure, agit comme un antiseptique et favorise la cicatrisation. L’huile essentielle est aussi utilisée comme traitement antipelliculaire au cours de shampoing[2],[6].
Alimentaire

En Inde, les feuilles du gros thym sont parfois consommées crues avec du pain et du beurre ou avec des beignets. Elles sont aussi utilisées comme condiment notamment en Guyane, en étant incorporées dans les préparations de plats traditionnels pour améliorer le goût, la saveur du plat. Les feuilles du gros thym peuvent, par exemple, être employées en alternative à la sauge (salvia officinalis), hachée en petit morceau pour l’assaisonnement de la farce de viande[1],[2],[6].

Propriétés chimiques et biologiques reconnues 

PARTIE DE PLANTES TYPE D’EXTRAITS MÉTABOLITES SECONDAIRES PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES RECONNUES
Familles chimiques principales Molécules identifiées
Feuilles Huile essentielle Monoterpènes et sesquiterpènes Carvacrol

Thymol

ß-Caryophyllène

α-Humulène

γ-Terpinène

p-Cymène

α-Terpinéol

β-Selinène [7]

 

Antimicrobien, antioxdyant, anti inflammatoire, analgésique, diurétique, larvicide[2],[7],[8]
Organique

(acétate d’éthyle, méthanol)

Flavonoïdes Quercétine

Thymoquinone

Salvigénine

Lutéolione

Cirsimaritine

Eriodictyol

Chrysoériol[2],[8]

Acides phénoliques Acide caféique

Acide gallique

Acide p-coumarique

Acide rosmarinique

Acide salvinolique A

Acide shimobashirique[2],[8]

Tannins[2] Non identifiées
Alcaloïdes[2] Non identifiées
Caroténoïdes Néoxanthine, Violaxanthine, α-Carotène, ß-Carotène[2]

Toxicité

Dans le cadre de travaux réalisés par le TRAMIL, la toxicité subaigüe d’un extrait aqueux lyophilisé des feuilles de gros thym a été évaluée. Pour cela, la dose de 1 g/kg/jour de l’extrait a été administrée à 10 rats quotidiennement par voie orale pendant 5 jours consécutifs sur une durée de deux semaines. Le groupe témoin d’animaux a reçu de l’eau distillée sur la même période d’essai.  Aucun signe clinique de toxicité ni de mortalité n’ont été observé chez le groupe de rat témoin ni chez les rats qui ont reçu l’extrait durant la durée de l’essai ainsi que les 7 jours suivants l’essai. De plus, après autopsie de ces animaux, aucune altération macroscopique n’a été observée[3].

De même, les chercheurs Asiimwe et al (2014) ont évalué la toxicité subaigüe d’un extrait aqueux des feuilles du gros thym en administrant par voie orale une dose unique chaque jour pendant 28 jours à 3 groupes de rats. Les groupes 1, 2 et 3 ont reçu respectivement 625, 1250 et 2500 mg/kg de l’extrait. Le groupe contrôle a quant à lui reçu 1 mL d’eau distillée. Aucun signe clinique de toxicité ni de mortalité n’ont été observé chez le groupe de rat témoin ni chez les rats qui ont reçu l’extrait durant les 28 jours de durée de l’essai.

L’ensemble de ces résultats montrent les faibles risques associés à l’utilisation des feuilles du gros thym, plante médicinale et aromatique comestible. Néanmoins, il est toujours important de respecter les doses préconisées[9].

Anecdote

Le nom vernaculaire « gros thym » fait référence à la taille des feuilles (près de 7 cm de long) ainsi qu’à l’odeur qui se dégage des feuilles, rappelant celle du thym (Thymus vulgaris)[1].

Sources bibliographiques

[1] P. Grenand, C. Moretti, , H. Jacquemin. and M-F. Prévost (2004). Pharmacopées traditionnelles en Guyane. IRD Editions, Paris, France, 816 p.

[2] G. Arumugam, M.K.Swamy, U.R.Sinniah (2016). Plectranthus amboinicus (Lour.) Spreng : Botanical, Phytochemical, Pharmacological and Nutritional Significance. Molecules. 21, 369.

[3] Plectranthus amboinicus, Programme de recherche appliquée à l’usage populaire des plantes médicinales dans la Caraïbe, TRAMIL 

[4] Plectranthus amboinicus, Inventaire National du Patrimoine Naturel, INPN

[5] Pierre Silland, Expert botaniste

[6] C.W. Lukhoba, M.S.J. Simmonds, A.J. Paton (2006). Plectranthus: A review of ethnobotanical uses. Journal of Ethnopharmacology. 103, 1-24.

[7] S.S. El-hawary, R.H.El-sofany, A.R. Abdel-monem, R.S.Ashour, A.A.Sleem (2013). Seasonal variation in the composition of Plectranthus amboinicus (Lour.) Spreng essential oil and its biological activities. American Journal of Essential Oils and Natural Products. 1, 2 : 11-18.

[8] S.S.El-hawary, R.H. El-sofany, A.R.Abdel-Monem, R.S.Ashour, A.A. Sleem (2012). Polyphenolics content and biological activity of Plectranthus amboinicus (Lour.) Spreng growing in Egypt (Lamiaceae). PHCOG J. 4,32.

[9] S. Asiimwe, A-K. Borg-Karlsson, M. Azeem, K.M. Mugisha, A. Namubeti, N.J. Gakunga (2014). Chemical composition and toxicological evaluation of the aqueous leaf of Plectranthus amboinicus Lour. Spreng. 3, 2 : 19-27.