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La Citronnelle, Cymbopogon citratus

Famille Poaceae
Genre Cymbopogon
Espèce Cymbopogon citratus Staph.

Noms vernaculaires [1],[2]

Français, Créole : Citronnelle

Palikur : sikumna

Anglais: Lemongrass, Citronella, Sqinant

Portugais: capim-santo

Origine

Le genre Cymbopogon compte près de 55 espèces dont l’espèce très répandue Cymbopogon citratus, herbacée à longue feuille linéaire originaire de l’Inde[2],[3]. La citronnelle est aujourd’hui très cultivée dans les zones tropicales et subtropicales notamment en Asie, en Amérique Central en, Amérique du Sud ainsi qu’en Afrique[3].

Aire de distribution sur les territoires français

Figure 1 : Carte de présence de Cymbopogon citratus dans les territoires français (INPN)

Introduite : Guyane Française

Introduite non établie (dont cultivée ou domestique) : Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Wallis et Futuna.

Itinéraire technique en Guyane

En Guyane, deux espèces de citronnelle ont été identifiées à savoir Cymbopogon citratus et Cymbopogon nardus .L[5]. La citronnelle est exclusivement cultivée dans les jardins ainsi que les exploitations agricoles cependant elle ne survit pas dans la nature. Elle se compose de ses grandes feuilles, d’un rhizome et de denses racines fibreuses en touffes. Les feuilles de citronnelle, parties de plantes les plus utilisées, peuvent être récolter plusieurs fois par an, en prélevant à la base de la tige. La méthode de multiplication de la citronnelle est appelée par « division de touffe ». Pour la planter, il faut récupérer une touffe par arrachage, diviser la touffe puis la mettre en terre[6].

Usages traditionnels

La citronnelle est une plante aromatique et un condiment qui est traditionnellement sollicitée en phytothérapie, dans l’alimentation ainsi qu’en cosmétique à travers le monde tropical à l’état de feuille et également sous forme d’huile essentielle [7],[8].

Phytothérapie
  • Usage interne: En Guyane, les feuilles sont traditionnellement utilisées sous forme de décoction autant chez les créoles que les Palikur pour soigner la fièvre, les maux de gorge et les symptômes grippaux par voie orale[1]. La décoction possède également des vertus anti diarrhéiques, elle facilite le transit gastro-intestinal et soulage les rhumatismes[8].
  • Usage externe: Chez les Palikur, les feuilles de citronnelles sont mélangées avec une autre poacée (Eleusine indica), sous forme de macération pour prévenir la chute de cheveux au cours d’un shampooing[1]. En cas de têtes et fièvres sévères, un extrait d’eau chaude préparé à partir des feuilles sèches est utilisé sous forme de bain de tête[2]. L’huile essentielle de citronnelle, obtenue par hydrodistillation des feuilles, est traditionnellement employée comme répulsif et insecticide[1].
Alimentation

La citronnelle est traditionnellement utilisée dans la production de certaines boissons. Elle intègre beaucoup la composition de plats, salades et marinades notamment en Thaïlande au Vietnam ou encore au Pérou[7].

Cosmétique

Grâce à son odeur agréable, l’huile essentielle de citronnelle est utilisée comme un ingrédient aromatisant pour parfumer les savons, les bougies, les mosquitos ainsi que d’autres répulsifs[7].

Propriétés chimiques et biologiques reconnues 

PARTIE DE PLANTES TYPE D’EXTRAITS MÉTABOLITES SECONDAIRES PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES RECONNUES
Familles chimiques principales Molécules identifiées

Feuille

Aqueux (décoction ou infusion) Terpènes[1],[2] Cymbopogone

Cymbopogonol[1],[2]

Antimicrobien, anti-inflammatoire, hypotenseur, antioxydant, insecticide, larvicide, antiparasitaire, analgésique [2],[8],[10]

 

Composés phénoliques[7],[9],[10] Flavonoïdes (Quercétine, kaempférol, myricétine, apigénine, isoorientine 2’’-O-rhamnoside)

Tannins (protanthocyanidines)

Acides phénoliques (acide chlorogénique, acide caféique)

Anthraquinones[7],[9],[10]

Alcaloïdes[7],[9],[10] Non identifiées
Saponines[7],[9],[10] Non identifiées
Vitamines et minéraux[9] Vitamines A, C, E

Calcium (Ca), phosphore (P), fer (Fe)[9]

Huile essentielle Terpènes volatils (monoterpènes)[9],[10],[11] Géranial (alpha citral)

Néral (béta citral)

Nérol

Géraniol

Citronellal

Terpinolène

Acétate de géranyl

Acétate de lianalyle

Myrecène[9],[11]

Antimicrobienne, insecticide, répulsif, anticancéreux, anti-nociceptif[2],[11]

 

Toxicité

Dans le cadre des travaux menés par le TRAMIL, la toxicité d’un extrait aqueux (à 15-25 g/L) préparé par décoction à partir des feuilles de citronnelle de l’espèce Cymbopogon citratus a été évaluée. Pour cela, 500 à 1 000 mL de décoction ont été consommées par des personnes et suite à cela, ces dernières ont ressenti une sensation d’abattement, de tranquillité mais aucun signe objectif ou subjectif de toxicité n’a été observé pendant le traitement phytotérapeutique[3].

La toxicité aiguë de l’huile essentielle de l’espèce Cymbopogon citratus a aussi été évaluée dans le cas d’études expérimentales in vivo effectuées sur des groupes de souris. Des doses uniques et des doses répétées sur 21 jours ont été administrées par voir orale chez ces animaux. Après l’injection d’une dose unique d’huile essentielle variant de 5 à 1 500 mg/kg, aucun signe de toxicité n’a été observé par comparaison au groupe de souris témoin. À la dose de 2000 mg/kg, un unique mort a été observé dans le groupe. En revanche, des signes de toxicités ont été relevés chez les animaux qui ont reçu des doses supérieures à 3 000 mg/kg. Aussi, l’administration de doses (1, 10 et 100 mg/kg d’huile essentielle) de citronnelle pendant 21 jours n’a induit aucune toxicité chez les groupes de souris testés. L’ensemble de ces résultats reflètent une faible toxicité de l’huile essentielle de Cymbopogon citratus qui peut être utilisée sans risques sur de longue périodes, en respectant les doses préconisées [12].

Il est cependant déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux enfants de moins de 3 ans d’utiliser la citronnelle[3].

 

Anecdote

L’espèce Cymbopogon citratus se fait appeler citronnelle en référence à sa forte odeur de citron qui se dégage de ses feuilles lorsqu‘elles sont froissées[1].

Sources bibliographiques

[1] Grenand, P., Moretti, C., Jacquemin, H. and Prévost, M.-F. (2004). Pharmacopées traditionnelles en Guyane. IRD Editions, Paris, France, 816 p.

[2] G.Shah, R.Shri, V.Panchal, N.Sharma , B.Sinh, A.S.Mann (2011). Scientific basis for the therapeutic use of Cymbopogon citratus, Stapf (Lemon grass). J.Adv.Pharm.Tech.Res. 2 (1).

[3] Cymbopogon citratus, Tramilothèque, TRAMIL, Programme de recherche appliquée à l’usage populaire des plantes médicinales dans la Caraïbe

[4] Cymbopogon citratus, Tramilothèque, INPN, Institut National du Patrimoine Naturel

[5] Herbier IRD de Guyane

[6] Pierre Silland, Expert botaniste

[7] V.S.Nambiar and H.Matela (2012). Potential functions of Lemon grass (Cymbopogon citratus) in health and disease. IJPBA. 3 (5), 1035-1043.

[8] K.Manvitha and B.Bidya (2014). Review on pharmacological activity of Cymbopogon citratus. International Journal of Herbal Medicine. 1(6), 5-7.

[9] O.Avoseh, O.Oyedeji, P.Rungqu, B.Nkeh-Chungag and A.Oyedeji (2015). Cymbopogon species: Enthnopharmacology, phytochemistry and pharmacological importance. Molecules. 20, 7438-7453.

[10] C.E.Ekpenyong, E.E.Akpan, N.E.Daniel (2014). Phytochemical constituents, therapeutic applications and toxicological profile of Cymbopogon citratus Stapf (DC) Leaf Extract. Journal of Pharmacognosy and Phytochemistry. 3 (1), 133-141.

[11] D.Ganjewala (2009). Cymbopogon essentials oils: Chemical compositions and bioactivities. International Journal of Essential Oil Therapeutics. 3, 56-65.

[12] C.A.R.A.Costa, L.T.Bidinotto, R.K.Takahira, D.M.F.Salvadori, L.F.Barbisan, M.Costa (2011). Cholesterol reduction and lack of genotoxic or toxic effects un mice after repeated 21-day oral intake of lemongrass (Cymbopogon citratus) essential oil. Food and Chemical Toxicology. 49 (9), 2268-2272.